22.4.10

Les veines de Madisone

Aujourd’hui, mes veines s’animent et mon cœur bat.

Demain, mes mains serviront de glas à mes pensées bâtardes.

Lorsque vient le temps, lorsque l’esprit ment, lorsque les gens… Désirent, respirent, réussisent… Et résistent, à la pression qui les entourent, à l’interrogation qui les tourmente. Alors l’aube renaît de ses cendres, et le temps se fait amant d’une autre tourmente.

Nostalgie.
Mémoire.
Désir.

De quoi ? D’une aire nouvelle, d’un paradis perdu.

D’un regard profond.
D’une main tendue.
D’une parole parfois insultante.

D’un rien, qui est tout. De ce tout qui n’est rien lorsqu’on le donne. De ce rien qui devient tout lorsque l’on ne l’a jamais eu. D’un mot simple et peu recherché qui veut tout dire… Différent d’une phrase endimanchée sans âme, sans saveur, sans vie. Sans rien.

La recherche d’un mot percutant est tout lorsqu’il s’éveille de la langue. Lorsque la langue s’immisce et bouleverse le cours du temps… Devenant le gardien d’un bien étrange moment. Intime. Frappant. Comme la trique d’un enfant blessé qui dompte le parent. Comme la claque méritée que l’on balance à qui la veut. Comme le fiel que l’on déverse sur son ennemi déjà vaincu.

L’homme blessé est lion lorsqu’il protège.
L’être humain est le maître de ses propres sacrilèges.

De ses propres vices.

Il les fuit.
Les crée.
Les craint.

Et en redemande.

L’inconstance du cœur est celle du corps.
La symphonie de l’âme devient celle du plus fort.

Mes veines pulsent au rythme d’un battement de cœur régulier.
Mes veines se bloquent au risque de me faire étouffer.
Mon corps répond à la chaleur de l’âtre.
Mon corps meurt sans se battre.

Mes veines s’animent, et mon cœur bat. De trop espérer. De trop tenter. De s’atrophier. Dégénérescence de l’être qui se meut. Se meurt. Se descend sans un mot. D’un coup de revolver calculé. D’une claque méritée. D’un pas a peine esquissé.

Mes veines se bloquent.
Mon corps refuse.

Mon cœur se bat.
Pour gagner.
Pour se défoncer.

Pour aimer sans retour – de manivelle, de tourniquet, d’aimant. Sans détour et sans vice. Mes veines rougeoient, verdâtres, jaunâtres, noirâtres, dans l’âtre du corps sans vie de Madisone.

Qui craint, qui geint, qui se baisse sans honte.
Qui regarde son autre elle sans détour.

Alors que le soleil se relève.


Janvier 2010
Iozhel